Vous avez très surement déjà entendu parler de pleine présence ou plus certainement de pleine conscience. Qu’est-ce que ces expressions signifient ? Qu’est-ce qui se cache derrière ce concept hérité de la philosophie bouddhiste et étroitement lié en occident à la pratique de la méditation ?
Hypnothérapeute à Marseille, je vous propose d’essayer de comprendre ensemble ce que nous entendons en hypnose par pleine présence, où elle se situe dans notre discipline et en quoi elle est utile en hypnothérapie.
Sommaire
Qu’est-ce que la Pleine Présence en Hypnose ?
La pleine présence, que certains assimilent aussi à la pleine conscience, caractérise l’action d’être-là ou plus précisément d’être-vraiment-là. Non pas comme un corps ou un esprit immobile mais comme un être-étant-là, à cet endroit, à ce moment (étant comme participe présent du verbe être sous-entendant l’action).
Cette action incarne justement le mouvement qui va permettre d’entrer dans une indifférenciation du corps et de l’esprit, et au-delà dans une indifférenciation du corps-esprit avec l’environnement dans lequel il se situe. Cela correspond à une véritable expérience de l’être. Il n’est plus question de l’adage cartésien « je pense donc je suis » mais plutôt d’un « étant-vraiment-là je suis ».
Cette indifférenciation corps/esprit et corps-esprit/environnement permise par l’hypnotiseur ou hypnothérapeute s’incarne dans l »étant-vraiment-là je suis ». Elle caractérise une expérience de l’être qui s’incarne davantage dans l’expression pleine présence (justement par le fait d’être en action) que dans l’expression pleine conscience.
Alors si nous mettons de côté Descartes, une question se pose à nous : quelle est la place de la conscience dans l’expérience ?
Différence entre Pleine Conscience et Pleine Présence
La pleine conscience est souvent associée à la méditation et à une approche contemplative : se concentrer sur l’observation de soi dans le moment présent. Elle implique une attention volontaire portée aux sensations, aux pensées et aux émotions pour une meilleure connaissance de soi.
Cette introspection s’inscrit dans une approche visant à comprendre l’esprit tout en maintenant une observation réfléchie de l’expérience vécue.
La pleine présence, en revanche dépasse cette posture d’observation. Elle invite à se détacher de la réflexivité pour expérimenter directement l’être en mouvement, sans analyse. La pleine présence s’incarne dans l’action : être-vraiment-là dans une fusion corps/esprit et avec les choses environnantes.
C’est précisément ce que permet l’état d’hypnose dans ce jeu de la pleine présence : emmener non pas à la conscience (qui serait alors conscience de soi) mais à des actes conscients qui permettent de nous situer différemment par rapport à nous-même et par rapport à ce qui nous entoure : voilà arriver le changement par l’hypnose.
Être-Vraiment-Là : la Présence par l’Hypnose
Avec François Roustang nous pouvons avancer que la conscience n’existe pas en tant qu’entité ou en tant qu’état. Je ne suis jamais tout à fait conscient en tant que tel mais j’exécute certaines actions consciemment, avec une intention. Puis il m’est ensuite possible d’analyser mes actions ou mes intentions.
Le fait de diriger de manière bien particulière cette intention par l’hypnose permet alors de supprimer ma réflexivité et d’agir sans me regarder agir, d’agir sans analyser mon action. Nous entrons dans cet état de pleine présence où l’indistinction corps/esprit permet un nouvel état de l’être, une différance dans l’action.
Dans un article sur les idées reçues qui explique ce qu’est l’hypnose, j’avance que « l’idée reçue [que nous dormons en hypnose] vient très probablement du fait que, lors de ce que nous avons nommé « état de veille généralisée », « état modifié de conscience », « transe » ou encore « état d’hypnose », la personne a en général les yeux fermés.»
Or il est tout à fait possible d’être en état d’hypnose les yeux ouverts. La transe est alors un état d’hypervigilence permis par une induction les yeux grands ouverts, orientée sur la concentration et la focalisation. Ce type d’induction dirige notre attention et nos intentions nous permettant alors d’entrer par une forme de saturation dans un état de « pleine présence » (importante par exemple dans le traitement des psychotraumas par l’hypnose). Il est dès lors possible d’expérimenter le changement.
L’Hypnothérapie : Changer par la Pleine Présence
Voilà donc la raison pour laquelle nous portons tant d’intérêt à la pleine présence en hypnothérapie : elle nous permet d’expérimenter le changement.
Il est admis en hypnose ericksonienne que ce que nous nommons « la conscience« , qui prend corps dans la réflexivité et l’analyse que nous portons sur nos actions, peut-être un frein au changement. Tout regard réflexif sur nos actions emmène à un jugement et donc peut devenir une source de stress, d’anxiété, d’angoisse…
La pleine présence et plus généralement l’hypnose comme discipline se donne pour objectif de mettre à distance cette forme d’état de conscience que nous avons nommé réflexif pour nous situer un instant dans un état différent de lâcher-prise et de transe par la pleine présence.
Vous vous demandez alors sûrement en quoi la pleine présence permise par l’état d’hypnose est si important pour le changement ? Eh bien car c’est le pari un peu magique de l’hypnothérapie : le changement souhaité se produit grâce à l’état induit par l’hypnose.
Être moins stressé, mieux manger, mieux dormir ou arrêter de fumer avec l’hypnose : il n’est pas question d’analyser pourquoi ni comment. Ce serait entrer de nouveau dans une forme de psychologisation et donc s’éloigner du propos de l’hypnothérapie. Il suffit alors de savourer cet instant où l’on ressent que ça change et d’accueillir le changement qui se produit enfin de pouvoir envisager sereinement le futur.
Retrouvez la déontologie et charte éthique de l’hypnothérapeute